EN LOZÈRE, IL FAIT BON VIVRE…
Avec 73500 habitants, soit à peu près 13 habitants au km2, la Lozère est le département le moins peuplé de France et le plus haut avec une altitude moyenne de 1000 m. Et à l’époque où l’on prône le calme, la tranquillité et le retour à la nature, la Lozère possède quelques longueurs d’avance sur les autres départements, un signe de ce bien-être : on ne trouve pas plus d’une quinzaine de feux tricolores et à peine davantage de ces diaboliques ronds-points sur tout le département. Autres « rubans rouges » et pas des moindres : la Lozère détient le record national de la surface réservée à l’agriculture biologique, la palme de la qualité de l’air, les taux de chômage, de criminalité et de délinquance les plus faibles de France.
Ses limites correspondent à peu près à celles de l’ancien Gévaudan (où sévissait la fameuse Bête !!!), comté de l’ancien régime. Le Tarn, le Lot, l’Allier et quelques autres rivières moins connues y prennent leurs sources. Les Monts Lozère et le Mont Aigoual font figure de véritables châteaux d’eau. Et toutes ces vallées creusées au gré des lits capricieux de ces cours d’eau cassent l’apparente uniformité des plateaux et transforment la nature en paysages grandioses. Les lozériens sont fiers de dire qu’aucune eau venant d’ailleurs ne coule sur leur territoire et ont choisi comme symbole de leur identité celui des sources. Des Cévennes au relief accidenté, aux grands Causses, vastes plateaux aux horizons infinis, à l’Aubrac, montagne arrondie, immense terre de transhumance dans la solitude des pâturages et des burons, et enfin la Margeride, succession de forêts, de ruisseaux à truites et de villages en granit, ce n’est pas l’espace qui manque, une nature âpre, rude, mais furieusement belle, et quelque chose comme la grandeur dans l’horizon qui n’en finit pas de s’enfuir au loin.
Après une virée au pays des sources, on a l’impression étrange d’avoir oublié quelque chose du côté de Nasbinals, de Florac ou de Cheylard l’Evêque.
Mais quoi ?… Les Bondons, Lozère
UN ELDORADO À DEUX PAS DE CLERMONT : LA LOZÈRE.
Pour ceux qui sont épris de nature, deux sentiers de grande randonnée peuvent occuper plusieurs journées : le célèbre chemin de St-Jacques de Compostelle où se côtoient des marcheurs de tous horizons géographiques, culturels et sociaux, et le chemin de Stevenson (GR70) sur un parcours très varié, agrémenté d’étapes parfois gastronomiques. Le premier offre la découverte des étendues de l’Aubrac et le deuxième parcourt le Nord-Est du Gévaudan et les Cévennes au riche passé. Mais la nature lozérienne ne se limite pas là. Elle offre d’autres sentiers balisés, souvent en boucles, pour découvrir des anciens chemins (la Régordane, qui reliait Moulins à Alès en passant par Clermont, Le Puy et Langogne, la voie Agrippa qui renvoie à la période gallo-romaine), ou des sites exceptionnels tels que les gorges du Tarn, les villages de la Margeride granitique, les maisons cévenoles sur des sites escarpés, et l’incomparable richesse des monuments historiques.
Car les passionnés d’histoire trouvent aussi leur compte en Lozère. Duguesclin y est mort. Les Chevaliers de St-Jean y ont trouvé leurs premiers grands maîtres et y ont entretenu des commanderies. La guerre des Camisards est née et s’est gagnée en Cévennes. Des châteaux gardent encore les traces d’une occupation moyenâgeuse. Les Cévennes regorgent d’anciens sites miniers qui ont enrichi plusieurs générations de rois de France. Des églises étalent toutes les variétés architecturales des constructions romanes, si près des préoccupations contemporaines de salubrité de nos lieux de vie.
Même les légendes pullulent avec, en première place, celle de la bête du Gévaudan née de l’imbroglio provoqué par des dérapages officiels pour élucider une série de meurtres, mais aussi la légende de la femme morte, née d’une menace de mainmorte à l’abord de sites miniers interdits, la légende de Ste-Enimie une princesse que l’on voulait marier, Gargantua qui a laissé sur son passage des rochers évocateurs de sa démesure, ou encore le Drac tantôt diable, tantôt lutin, et les fées aux multiples facettes réfugiées au creux de rochers mystérieux.
Et que dire du maillage mégalithique, aussi dense qu’en Bretagne, qui étale un savoir disparu sur la maîtrise des énergies, avec l’heureux mariage de l’énergie tellurique et de l’énergie cosmique. Il y a en Lozère une telle variété et un si grand nombre de sites mégalithiques que l’on pourrait y occuper des dizaines de chercheurs archéologues ou géobiologues, sur plusieurs décennies, en vue de redonner vie à des menhirs, des galeries, couvertes ou non, des dolmens, des cromlechs, et autres ensembles plus complexes.
La Lozère est le seul département français qui ne reçoit aucune eau de l’extérieur, et qui, en revanche, en distribue vers la Méditerranée (avec le Chassezac) et vers l’Océan (avec le Lot et le Tarn qui rejoignent la Garonne, et avec l’Allier qui rejoint la Loire). C’est peut-être pour cela que la gastronomie y offre des saveurs inoubliables, avec des produits du terroir si variés.
Quand on a goûté à la Lozère, on ne peut plus s’en passer.
(Texte d’André Aubazac)